Chapitre 15 : Vers le cœur de l'île de la Tortue

Mi-juillet 388 : Irvanald

Après quelques jours de repos chez Azam Tarth en attendant que la tour mobile se téléporte, le groupe put enfin atteindre Irvanald.

Basée sur le modèle de ses deux sœurs du continent, Anorien et Orlan-Zéry, Irvanald était au main de la Pléiade des Marchands. Irvanald avait ce souffle d'un eldorado nouveau, pleine de richesses et d'opportunités. De larges quartiers étaient en construction, pour accueillir les éleckasiens à qui ont promettaient une vie meilleure. Mais cet enthousiasme était tempéré depuis quelques mois. La guerre entre Azan et Kvorn avait engendré une migration massive de pauvres hères ayant tout perdu sauf la vie. La Pléiade des Marchands avait profité de leur détresse pour leur offrir un voyage vers Irvanald, vers un espoir, qui transformait ces gens en une main d'œuvre bon marché, presque une forme d'esclavage. Ces gens l'acceptaient d'autant plus, que l'alternative était de revenir en Azan où ils se trouvaient entre un Tyran fou allié au Chaos et des Nordiques dont la culture leur était étrangère et pour lesquels ils représentaient les ennemis.

La ville regorgeait d'objets rares que des expéditions ramenaient des Terres Noires, une terre maudite au delà des montagnes, contenant des ruines d'une civilisation antique. Anar songea donc qu'offrir les services du groupe à des marchands aideraient à passer les montagnes.

Toutefois, de son côté, Pryuss craignait la présence d'ennemis à leurs trousses. Il fit donc attention à vérifier les lieux et tomba sur le gobelour du nom de Khanur, un agent secret d'Azharis :



Or, celui-ci le reconnu aussi, aidé en cela par les statues de bois à leur effigie qu'il avait du identifier il y avait 1 an de cela dans le village perché dans les arbres millénaires de la Forêt de l'Ancien Empire.

Le groupe ne savait quoi faire. Les éliminer leur vaudrait certainement des problèmes à Irvanald. Mais laisser une piste aussi flagrante n'était pas tolérable. Le groupe se prépara à entreprendre quelque chose à leur auberge. Là bas se trouvait leur capitaine, Azhur, et une vingtaine d'hommes.



Mais Brut fit un choix différent. Celui de leur parler, à la stupéfaction du reste du groupe. Il voulait une forme de paix entre entre et les hommes d'Azharis et leur livra donc leur intention de partir sans heurts.

Seulement, depuis, une masse de corbeaux animés par magie les suivaient. Et c'est sous cette bonne escorte, talonnés par les hommes d'Azaharis que le groupe atteignit les contreforts menant aux Terres Noires.

Entre mi et fin juillet 388 : Dans les Terres Noires de l'île de la Tortue

Le groupe traversa un col des montagnes menant aux terres noires, le meilleur chemin que put trouver Agogh, aidé en cela par la magie de Del Yone. La nuée de corbeaux continuait de sombrement accompagner le groupe.

Del Yone concocta quelques pièges pour leurs poursuivants, quand bien même ils restaient surveillés par les volatiles.

Arrivée de l'autre côté, il fallait décider de la direction à donner à l'expédition.

Puisque les visions indiquaient un cours d'eau à proximité de la cité noire et qu'Anar, grâce à sa vue elfe extrêmement perçante, avait repéré un fleuve quelques cent kilomètres plus au sud, ils décidèrent de partir cap plein sud.

La nuée de corbeaux se dispersa quelque peu, pour explorer les lieux.



Le trajet fut inquiétant. De jour, les Terres Noires étaient une terre sauvage, matinée de ruines d'une civilisation depuis longtemps éteinte, où la nature avait repris ses droits. Mais de nuit, on sentait qu'une antique malédiction était à l'œuvre, et poussait à l'apparition d'êtres depuis longtemps défunts qui reviendraient pour exterminer les vivants.

Les animaux sauvages ne s'y trompaient pas : ils préféraient éviter les ruines.



Arrivés au fleuve, ils partirent vers son amont, Del Yone ayant repéré des ruines dans les montagnes. Ils atteignirent donc de puissantes cascades, impressionnantes en taille et déversant d'incroyables quantités d'eau. Pour Pryuss, il y avait quelque chose derrière ces cascades mais Agogh refusait catégoriquement d'utiliser le Prisme de l'Eau pour une hypothèse qu'il considérait issue de l'imaginaire de l'assassin.

Les ruines de Del Yone n'existaient pas, bien qu'en hauteur, les catholiques de Rubyll avaient établi un avant poste pour l'exploration des Terres Noires. Del Yone y voyait une opportunité de les lancer contre les troupes d'Azharis mais comme pour Pryuss, il essuya un refus. Le reste du groupe ne voyait pas de bonne approche de la question et l'idée leur semblait être trop risquée.

Ils prirent donc le parti de s'en aller. Ils pensèrent dormir aux pieds des cascades mais constatèrent que les corbeaux restaient à distance. C'était là l'occasion de leur fausser compagnie. Del Yone fit se lever un épais brouillard et le groupe décida de marcher de nuit en suivant la berge du fleuve.

L'opération s'avéra une succès mais, après quelques heures de marche, des hommes-requins morts-vivants finirent par sortir des eaux, et, bravant les herbes repoussoirs de Del Yone, se lancèrent à l'assaut du groupe. Le combat se fit âpre, les hommes-requins se révélant de formidables adversaires mais pas suffisamment pour vaincre un groupe aussi puissant que les quêteurs.

C'est exténués que les aventuriers arrivèrent à des ruines d'une cité antique que personne n'avait encore pillé.

Mi-juillet 388 : l'île de la Tortue

L'exploration des ruines de la cité s'avéra enrichissante. Visiblement, elle n'avait encore jamais été foulée depuis sa ruine. Ce fut l'occasion pour le groupe de trouver des trésors antiques, tels une bague magique ou une fronde avec des pierres runiques.

Agogh découvrit une puissante hache ancestrale avec des symboles de la Lumière.

Ce fut à Brut qu'il arriva l'évènement le plus étrange : en ouvrant le tombeau d'un général Kariban, un homme-lion, l'âme de celui-ci s'insinua en lui. Cet homme-lion se nommait Issamadhi. Il considérait Brut comme un Kariban, car il tenait des caractéristiques des hommes-lézards. Issamadhi n'était pas une présence intrusive mais elle ouvrait à Brut un accès à des savoirs anciens. Brut trouva aussi le glaive du général.

Anar, de son côté, trouva un ancien temple Kariban, hanté d'un maléfice puissant. Les restes d'un charnier, signe du massacre des habitants sans défenses par les humains et leurs alliés, s'y trouvaient.

Del Yone sentit le pouvoir d'un maléfice important s'y former, comme si toute la force de la malédiction des lieux commençaient à s'y concentrer.

Le temps pressait car le pouvoir s'affermissait de minutes en minutes. Agogh chercha dans le Temple un moyen de stopper de cette force. Il trouva une cache secrète dans la frise représentant le pouvoir de l'Ombre. Cette cache contenait un cristal pulsant d'énergie, qui libérait la force des âmes des sacrifiés Karibans vers la sphère maléfique.

Del Yone pouvait-il contenir cette force grâce à ses connaissances de démonologie? Agogh proposa toutefois de faire diverger le flux des âmes vers le Joyau des Ombres. Pryus, Del Yone, Anar et Agogh firent alors une chaine pour faire dériver le pouvoir, subissant la souffrance des âmes, au point ou Anar s'effondra. Mais l'opération fonctionna et le Joyau des Ombres fut chargé, et cela mit fin au pouvoir maléfique qui se concentrait.

Il était temps de quitter cet endroit.


De Mi-juillet 388 à Fin juillet 388 : Centre de l'île de la Tortue

La cité occupait une rive ou le fleuve était rejoint par un affluent. Le groupe fit le choix de descendre le fleuve vers le sud. Ils purent distinguer la nuée de corbeaux choisir de remonter l'affluent. Malheureusement, leur choix les amena à des gorges ou le fleuve rejoignait la mer. Pas de traces de la cité noire.

Ils finirent par faire demi-tour, puis se perdre pour finalement parvenir à l'affluent et le remonter. Après plus d'une semaine, ils  trouvèrent enfin la cité noire, qui semblait habitée et active.

Par acquis de conscience, Del Yone testa la position de leurs adversaires : le gobelour était parti au nord, le commandant d'Azharis peut-être à cette cité.

Ils s'y présentèrent, mais dès les portes passées, Azhur fit irruption et intima aux personnes de la cité qu'ils étaient les agents du chaos. Il se prétendait émissaire d'une autre cité rescapée du chaos. Del Yone tenta bien de les détromper en disant la vérité, mais Royaume d'Azharis, mage, magie, démons, tout cela sonnait bizarrement et faux pour ce peuple qui avait vécu des milliers d'années en autarcie.

Meladis, le chef de la cité, les fit enfermer. Anar était inquiet, voir terrifié à l'idée qu'ils s'emparent du Joyau des Ombres. Il voulait le mettre en lieu sûr. Devant le refus des autres, il força le destin, s'empara du Joyau et s'en servit.

La situation devint chaotique, les uns appelant aux gardes, Anar se rendant intangible pour fuir. Finalement, ils décidèrent de sortir. Del Yone usa de l'anneau pour créer une illusion d'eux restant tranquilles dans la geôle, de sorte à ce que personne ne se doute de rien.

Il était temps de se débarrasser d'Azhur. Il était avec ses hommes dans la grande salle de la ville, essayant de convaincre Méladis que pour arrêter le chaos, il fallait qu'il reprenne les Joyaux du Chaos en possession du groupe.

Il fallait semer la discorde. Les pouvoirs télépathiques de Del Yone firent croire à Méladis qu'Azhur tentait de le contrôler.

La violence éclata !

Fin juillet 388 :

Le combat s'engagea entre les troupes d'Azharis et les hommes de Mélidis. Les locaux n'avaient aucune chance contre une unité spéciale entrainée, mais c'était avant que les quêteurs ne se jettent dans la mêlée. Ca et là, Pryuss assassinait les soldats d'Azhur cependant qu'Anar les criblait de flèches, qu'Agogh les affrontait de sa maîtrise technique et que Brut choisit de se venger du capitaine qui lui avait menti. Seul Del Yone ne pouvait exprimer ses talents, Méladis et les siens ne comprenant pas la magie.

Azhur, la première fois que Brut l'avait vu, en mission dans la forêt de l'Ancien Empire aurait vaincu le demi-homme-lézard.
Mais le Brut d'aujourd'hui avait triomphé d'adversaires autrement plus formidable que le capitaine d'Azharis, et se classait maintenant parmi les plus puissants d'Eleckase. Pour autant, Azhur fit bonne figure, allant jusqu'à blesser son adversaire, sans toutefois pouvoir porter plus avant sa maestria. Ainsi mourut le capitaine, dans une cité perdue se croyant seule au monde.

En effet, Méladis et les siens remontaient leur histoire à l'époque de la malédiction des jeunes races par les Karibans massacrés, corrompant les terres alentours en proie au chaos. Depuis, ils vivaient en autarcie, se croyant seuls au monde.

Le gobeloure, Khanur, était parti avec des soldats et un homme étrange aux yeux bandés vers l'ancien cœur du royaume, au nord-est, et ce depuis quelques jours déjà. Del Yone usa de sa science de la localisation pour se rendre compte que le gobeloure était déjà reparti vers le nord ouest. Il fallait faire un choix.Ils usèrent donc de la technique de localisation des Joyaux pour découvrir que celui qu'ils recherchaient était en mouvement transporté dans les airs.

Ils décidèrent de se rendre au cœur du royaume en forçant l'allure.

Au milieu d'une vaste prairie ou paissaient paisiblement des pégases, se trouvait quelques ruines encadrant une énorme porte menant à des souterrains. Il fallait attendre la nuit pour l'ouverture de cette porte qui ouvrait à un sanctuaire visiblement entretenu et habité.

On y trouvait Ouvièle, la femme aux 100 visages, dont l'apparence physique changeait régulièrement. Elle était une part de l'Entité d'Eleckase, celle de la Vie, statut qu'elle partageait avec le Forgeron Eternel, maître de la matière, et l'Oracle, maître du Temps.

Elle expliqua que le Pendule et le Cercle étaient les deux premières entités. Les Entités d'Eleckase (le Forgeron, l'Oracle et elle), la Magie et Cybill étaient les enfants du Cercle. Le Chaos, la Loi, et l'Entité d'Andhare celles du Pendule.
Quant aux Dragons, ils étaient ses enfants.

Les enfants du Cercle et du Pendule étaient, somme toute, des descendants et par la même, ils ne formaient pas un camp uni. La Magie était en opposition et ennemie d'Ouvièle et de ses Dragons, par exemple. Le Chaos affrontait la Loi.

Anar interrogea Ouvièle sur le Cercle. Celui-ci avait été vaincu. Il se reformait mais il faudrait encore des milliers d'années avant son retour.


Le Joyau? Chamir, le prisme de l'Air... Elle l'avait donné à un gobeloure. Elle s'était rendu compte de sa méprise et voulu le récupérer, mais elle oublia d'agir. Dans tous les cas, le démon au bandeau avait trahit les hommes d'Azharis en volant le Prisme, fuyant par les airs.