La civilisation… enfin.
Le repaire avait été une protection contre elle. Elle n’est pas l’espoir de nouveautés tant attendues mais un bourbier de cupidité, d’avarice, d’orgueil et de guerre où les pompeux racistes se targuent de gouverner, les menteurs égoïstes d’accuser les monstres et les violeurs d’agir sous couvert d’autorité. C’est ainsi que tournait Cornerouge, un petit village au bas des montagnes. Une annonce demandait des mercenaires pour tuer un monstre. Un vampire venait de tuer une belle paysanne rousse. Le bourgmestre avait déguisé son meurtre pour y faire croire. Si vampire il y avait, il ne se nourrissait que de bétail. La victime, par contre, avait été embaumée de lin avec un mélange d’alcool pur et de résine trouvée dans les bois de sapins, sans doute pour conserver son corps. On l’avait ensuite laissée nue et on avait malaxé le lin pour le jeter à côté d’elle. Etrange rituel…
Au printemps 1277, le soleil d’or sur fond sable de l’empire du Nilfgaard flottait sur la bourgade nordienne de Kaedwen… comme partout ailleurs sur le monde. L’empereur Emhyr var Emreis voulait céder un monde uni à sa fille qui prendrait sous peu le relais. Il détestait la magie et les witchers, exerçant une traque impitoyable pour les exterminer. Tout le contraire de sa fille qui était particulièrement attachée aux witchers et sorcières. Elle avait d’ailleurs à ce propos convoqué les witchers à la capitale de Vizima. Encore un caprice de cette future impératrice car Vizima était la capitale de Téméria, dernière vassale de l’Empire. Ses stries bleues étaient d’ailleurs les seules à lutter encore contre les brigades impériales mais la Téméria les condamnait pourtant pour ça. La scoia’tael, les elfes et nains, étaient de leur côté.
Les auxiliaires nilfgaardiens profitaient de leur pouvoir pour en exercer sur les jeunes fermières… ils le regrettèrent bien chèrement.
Le percepteur impérial ne valait pas mieux, arrogant et hautain, il proposa tout de même un marché pour mille pièces : il recherchait des witchers pour escorter la Comtesse Luchia van Al’Reiss de Ard Carraigh, ancienne capitale Kaedwen, jusqu’aux montagnes Bleues où se trouvait le repaire.
Le chevalier Ris van Del’Hir accompagnerait le groupe. C’était un général calculateur qui contenait sa rage et cruauté intérieurement. Il fut satisfait que des witchers puissent retrouver le camp de la Scoia’tael. Il allait pouvoir se déchainait allégrement dans une guerre qu’il avait déjà prévu.
La Scoia’tael nous reçut plutôt bien : elle ne nous tua pas sur place. Un witcher courtois du nom de Cerbin nous informa que les elfes avait besoin d’une escorte discrète jusqu’à Vizima. Fallait-il qu’un witcher s’implique dans cette politique ? Le besoin d’argent était néanmoins une nécessité. Un choix devait-il se faire entre le Nilfgaard et la Scoia’tel? Il indiqua aussi qu’Eskel de l’école du loup avait repris le flambeau à la mort du regretté Vesemir… il serait bon de rejoindre Kaer Morhen, un peu plus au nord pour forger des médaillons.
L’enquête piétinait : le bourgmestre mentait pour protéger son fils albinos afin qu’il ne soit pas vu comme un monstre et le vampire ancien Stick Redwart mis à jour ne se révéla pas une cible puisqu’il ne tuait que des animaux. Il fut charitablement mis en garde qu’une guerre allait être déclarée et il nous récompensa d’une dette à vie : il se rendrait à Ard Carraigh, pour voir un certain Sir Tal d’Erébore à qui il fournissait des composantes alchimiques rares. La surprise fut que sa maitresse était l’une des filles maltraitées du village qui, pour un monstre, montra bien plus de reconnaissance et d’amour que les humains. Elle était agréablement surprise de la morale des witchers tant attendus…
… Car quelqu’un attendait : une fillette avait reçu d’une femme fantomatique des poupées à l’effigie des witchers ainsi que leurs noms en lui demandant qu’ils devaient la retrouver. L’existence des witchers étaient donc connue !
Avant de partir la vampire Sidora Langer, leur dit qu’un vagabond avait couché avec son amie disparue. Il avait quitté le village au lendemain de sa mort. C’est alors que le mercenaire nain Svart Dougel arriva avec les têtes de trois goules qu’il avait fléchées de son arbalète favorite. Les goules sont des nécrophages attirés par les cadavres. Un véritable charnier de voyageurs attendait dans un ravin non loin. Ils avaient été vidés de leur sang…